Les résultats de l’étude SONIA 2

Les résultats de l’étude clinique SONIA 2, qui ont conduit à l’autorisation de la nitisinone dans le traitement de l’Alcaptonurie chez l’adulte en Europe, ont été publiés par le professeur L. Ranganath et les chercheurs associés, dans « The Lancet Diabetes & Endocrinology » en 2020 : Efficacité et sécurité de la nitisinone une fois par jour chez les patients atteints d’Alcaptonurie (SONIA 2) : une étude internationale, multicentrique, contrôlée, randomisée, en ouvert.

Avec les conclusion suivantes : La nitisinone 10 mg par jour a été bien tolérée et efficace pour réduire l’excrétion urinaire de l’AHG. La Nitisinone diminue l’ochronose et améliore les signes cliniques, indiquant une progression plus lente de la maladie.

Cette étude avait été financée par le septième programme-cadre de la Commission européenne.

Ranganath LR, Psarelli EE, Arnoux JB, et al. Efficacy and safety of once-daily nitisinone for patients with alkaptonuria (SONIA 2): an international, multicentre, open-label, randomised controlled trial. Lancet Diabetes Endocrinol. 2020 Sep;8(9):762-772. doi: 10.1016/S2213-8587(20)30228-X. Epub 2020 Aug 18. PMID: 32822600.

Article important dans le journal «Molecular Genetics and Metabolism»

L’un des plus significatifs article de l’histoire de l’Alcaptonurie a été accepté pour publication le 19 Juillet 2018 dans le journal «Molecular Genetics and Metabolism», par le groupe du professeur Ranganath.

Titre :  La Nitisinone arrête l’ochronose et diminue le taux de progression de l’Alcaptonurie : évaluation de l’effet de la Nitisinone au Centre National d’Alcaptonurie au Royaume-Uni.

« Nous avons pu montrer pour la première fois que la nitisinone non seulement diminue le AHG dans l’AKU, mais réduit également le taux de progression de ce qui est considérée comme une maladie irréversible. Nous avons également montré pour la première fois que la nitisinone arrête l’ochronose, la cause des dommages des tissus dans l’ AKU. Il s’agit de la première indication qu’une dose de 2 mg de nitisinone ralentit la progression clinique de l’AKU. La progression combinée de l’ochronose oculaire et auriculaire a été stoppée par la nitisinone. »

Ranganath LR, Khedr M, Milan AM, et al. Nitisinone arrests ochronosis and decreases rate of progression of Alkaptonuria: Evaluation of the effect of nitisinone in the United Kingdom National Alkaptonuria Centre. Mol Genet Metab. 2018 Sep;125(1-2):127-134. doi: 10.1016/j.ymgme.2018.07.011. Epub 2018 Jul 24. PMID: 30055994.

 

 

Article publié dans Nice-Matin

L’article ci-dessous a apparu dans Nice-Matin, le samedi 7 mai 2016. Nous republions cet article avec la permission de l’auteur Nancy Cattan.

« Enfin, je savais… »

Soins Alcaptonurie : la maladie des urines et des cartilages noirs. Il aura fallu près de dix ans pour qu’un nom soit posé sur les douleurs atroces dont souffre Jocelyne depuis l’âge de 35 ans.

« Je ne comprends pas pourquoi ma consœur vous a envoyée vers moi. Elle est parfaitement compétente pour prendre en charge de l’arthrose. »

Jocelyne se sent un peu gênée. Elle aussi n’attend pas grand-chose de cette ultime visite chez un spécialiste alors qu’aucun, parmi les très nombreux qu’elle a consulté depuis des années, n’a su jusque-là lui proposer autre chose que : « Vous avez une arthrose évolutive. » Mais la rhumatologue qui suit depuis peu Jocelyne s’est entêtée, perturbée par l’état catastrophique du dos de la quadragénaire, et surtout par des signes d’aggravation. « Je commençais à perdre l’usage de ma jambe gauche. J’étais tombée à plusieurs reprises dans la rue. » Nous sommes donc en 2008, et Jocelyne est assise en face du docteur Olivier Brocq. Pendant qu’il place, un peu sceptique, les radios qu’elle lui a amenées sur l’écran rétro-éclairage, elle voit son expression se modifier. Cinq minutes vont s’écouler, le rhumatologue, les yeux braqués sur son écran d’ordinateur, semble mener des recherches. Et puis, il lève les yeux sur Jocelyne.

Aucun traitement

« Il m’a posé une seule question : « Vous n’avez jamais remarqué des anomalies dans vos urines ? » Aussitôt, je me suis souvenue et lui ai répondu : « Ma mère me disait quand j’étais jeune que j’avais des urines effectivement très sombres. »

Il a alors retourné son écran vers moi. Il était inscrit : Alcaptonurie, et on voyait les radios d’un patient. Elles étaient semblables aux miennes.  « On va mettre un nom sur la maladie, mais il n’existe aucun traitement pour cette maladie rare » a aussitôt ajouté le médecin. Mais ça importait peu. Enfin, je savais. Je me souviendrai toute ma vie du soulagement que j’ai ressenti. » Un soulagement dont on prend toute la mesure en écoutant son récit. « J’ai toujours fait énormément de sport. Aussi, lorsque à l’âge de 35 ans, j’ai commencé à ressentir des douleurs intenses au niveau du dos, on a pensé que c’était peut-être associé à cette pratique intense. On a aussi évoqué le rôle de la cortisone, j’en avais beaucoup pris, enfant, pour traiter mon asthme. »  Il reste que tous les médecins qui examinent les radios de Jocelyne lui pose, sidérés, la même question. « Mais qu’est-ce que vous faites comme métier pour avoir un dos dans cet état ? Directeur de banque répond la Niçoise. » « Ce n’est tout de même pas normal à votre âge ! » « Ils étaient perplexes. Mais ils n’allaient pas plus loin… » 

Un essai clinique

Et Jocelyne continue de souffrir. Au fur et à mesure que son cartilage s’effrite les douleurs sont même de plus en plus fortes. « Antalgiques, anti inflammatoires.… Médecines alternatives, centre antidouleur… J’ai tout essayé, sans succès. Alors, un jour, j’ai décidé de vivre avec. En me passant de tout médicament, malgré des douleurs estimées à 10 sur une échelle de 10. Jusqu’en 2008, et les mots posés sur ces maux par le rhumatologue monégasque. Car, « quelques temps plus tard, l’hôpital Necker m’a appelée, en me proposant de participer à un essai clinique avec le nouveau médicament capable de ralentir l’évolution de la maladie. J’ai aussitôt dit oui. » Depuis, une fois par an, Jocelyne se rend à Necker, pour un bilan complet. Et elle repart avec ces précieuses boites de Nitisonone, le médicament en test. Mais cet essai, elle nous confie y participer surtout pour les autres, les petits malades en particulier qui, en étant dépistés tôt, pourront voir leur maladie bridée. De l’espoir pour elle, Jocelyne n’en a plus vraiment. Sa maladie est déjà très évoluée. « Je n’imagine même plus vivre sans douleur. » Des douleurs qu’elle a encore une fois l’intention de braver. « Je me suis lancée un challenge avec mon époux et de mes amis : parcourir en 10 jours, 460 km à vélo sur la côte atlantique. » Alors que le sourire n’a jamais quitté le visage de Jocelyne au cours de notre entretien, les larmes, soudainement jaillisse. Elle les chasse aussitôt. « Ce n’est pas sûr que j’y arrive, mais je veux y croire… »

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